Héritage

Je suis assez hermétique aux questions économiques. Mais j'aime bien lire ce qu'écrit Thomas Piketty . Je peux résumer ? :

Une des consqéquence inévitable de l'allongement de notre espérance de vie, c'est le vieillissement des patrimoines. Et depuis des années, la droite comme la gauche ont mis en place divers allégements fiscaux ciblés, visant à inciter les parents à transmettre leurs biens avant que leurs enfants ne deviennent eux-mêmes des retraités. Ce qui parait sensé.
C'était compter sans Monsieur Sarkozy.

Après l'avoir abaissé massivement lors de son passage à Bercy en 2004, Nicolas Sarkozy plaide désormais pour une suppression totale de l'impôt sur les successions. Cette orientation radicale fait parait-il grincer des dents jusqu'au sein de l'UMP, où l'idée que le patrimoine français soit détenu demain par une majorité de nonagénaires "panique un peu".
De plus, difficile de prétendre défendre l'égalité des chances tout en réclamant l'abolition des droits de succession : depuis la Révolution française, et plus encore depuis la IIIe République, ces impôts jouent un rôle essentiel pour limiter la reproduction sociale.

Même Bush et Berlusconi qui ont l'un et l'autre tenté d'abolir l'impôt successoral ont suscité de fortes résistances, y compris chez des milliardaires comme Warren Buffett ou Bill Gates, qui se voient comme des self-made men et qui ne veulent pas que leurs enfants se transforment en rentiers.
Pour résumer, les patrimoines se portent aujourd'hui à merveille, et il n'existe aucune justification économique solide à vouloir réduire massivement un impôt sur les successions rapportant très peu d'argent à l'Etat : 7 milliards d'euros en 2006, soit environ 0,4 point de PIB, soit entre deux et trois fois moins qu'il y a un siècle alors que le poids global des prélèvements a triplé au cours de la même période, passant de 15 à 45 points de PIB. A titre comparatif, les charges pesant sur le travail représentent à elles seules plus de 20 points de PIB, et les alléger serait autrement plus urgent, si les marges de manoeuvre budgétaire le permettaient.
De fait, on peut débattre de l'impôt sur les successions, mais pour

1) faire face à l'allongement de la durée de la vie

2) assouplir l'extrême rigidité des règles successorales françaises (impôt léger en ligne directe, mais excessivement lourd pour les non-parents, ce qui ne facilite guère la circulation des fortunes).
En revanche, réduire massivement cet impôt, c'est de l'idéologie dogmatique pure et dure. Et le 21e siècle verrait alors la mise en place en France d'un hypercapitalisme ne s'accommodant même pas des impôts sur le capital du 19e siècle.

C'est beau la modernité sarkozyste !

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Après nous avoir expliqué qu'il allait "liquider" l'héritage de 68, N.Sarkozy va-t-il s'attaquer à 1789 ?

Vous avez dit réactionnaire... ?

Songe.