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mardi 11 mars 2008

Pétrole, etc...

Ce matin sur France Inter, deux représentants d'UFC-Que Choisir et de 60M de consommateurs interrogés sur le prix du carburant, tombaient d'accord pour dire que face à l'inflation vertigineuse du prix du brut, la détaxation de l'essence n'était sans doute pas la "bonne" solution à terme mais qu'il fallait plutôt favoriser une réutilisation plus intelligente du produit des taxes par l'Etat en vue "d'économies d'énergie".

Alleluïa ! C'est très exactement la thèse défendue depuis des années par Jean Marc Jancovici dont vous pouvez visiter l'excellent site de vulgarisation ICI. (le lien est momentanément inactif depuis 48 heures ... pas d'affolement, il reviendra).

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4 commentaires:

Ludivine van de Spock a dit…

Je pense surtout qu'on ne doit plus se limiter aux mesurettes, genre rééquilibrage de la fiscalité sur l'énergie, mais passer à un programme d'investissements publics massifs dans le domaine des énergies renouvelables, du charbon propre (centrales à retraitement du CO2 plus enfouissement, cf. l'avant dernier numéro de Sciences et Avenir) et mettre le paquet sur la fusion nucléaire, la dernière étant THE énergie pour l'humanité dans cinquante à cent ans.

Le vrai problème, c'est comment tenir jusqu'à ce que la fusion soit développable à l'échelle industrielle si les énergies fossiles s'épuisent et/ou deviennent trop chères dans l'intervalle de temps, d'où la nécessité de mettre le paquet sur les énergies renouvelables.

Franchement, c'est pas +10% par ci, -10% par là dans la fiscalité qui vont changer grand'chose. Il est clair que l'OPEP se fout complètement de la demande occidentale et que les pays industrialisés ne peuvent s'offrir le luxe de continuer à être otages de l'OPEP.

Il faut donc réduire la dépendance au pétrole en :

- investissant BEAUCOUP sur le charbon propre (la technologie de retraitement et d'enfouissement du dioxyde de carbone existe déjà mais elle est encore trop chère) ;
- idem énergies renouvelables, notamment solaire
- ne pas cracher sur la fission nucléaire (rappelons que 80% -ce que ne savaient ni Ségolène ni Naboléon qui confondent dépendance énergétique et production d'électricité) et poursuivre le programme français jusqu'à ce que les progrès scientifiques rendent possible le passage à la fusion
- et, encore une fois, METTRE LE HYPER MEGA PAQUET sur la fusion nucléaire qui est le seul espoir à long terme de l'humanité, dans la mesure où la fusion est nettement moins dangereuse que la fission et est inépuisable virtuellement

Les énergies "vertes" ne suffiront pas à elles seules pour combler le trou charbon/pétrole lorsque ces derniers seront épuisés, et au-delà de l'épuisement, ils sont, surtout le pétrole, des enjeux géo-stratégiques. Donc, à moins de faire la guerre à l'Arabie Saoudite et consorts (ce qui ne déplairait point à Ludivine qui pense que ce pays est le plsu rétrograde de la planète, l'Iran à côté étant un modèle d'épanouissement des droits individuels et de la libération féminine), la seule solution pour 'lOccident est la fuite en avant dans des investissements technologiques sur ces axes.

Le problème, comme toujours, est politico-économique. Les décideurs politiques, eux-même fortement contraints par les intérêts économiques, ne savent pas programmer sur le long terme parce que le coût à court terme est supérieur aux équilibres actuels, même avec un pétrole à 108 dollars.

Un homme politique visionnaire, un vrai homme d'Etat serait quelqu'un qui oserait dire aux Français (ou n'importe quel autre pays) qu'il y va de notre intérêt vital d'investir des centaines et des centaines de milliards d'euros pour CHANGER le modèle énergétique. L'infléchir à la marge n'a plus aucun sens dans la situation actuelle, et même la révision à la hausse des gisements d'hydrocarbures n'y changera rien.

Songe a dit…

Et bien une fois n'est pas coutume je ne suis pas du tout d'accord avec toi.

1 - Je ne crois pas un seul instant à la fusion avant ... plusieurs générations. Pour des raisons techniques très bien expliquées par Pierre-Gilles de Gennes (cf par exemple entretien paru dans Les Echos 12 janvier 2006 / Le Nobel de physique 1991 atomise ITER : http://iter.over-blog.com/article-4711793.html ... il y en a eu beaucoup d'autres). En un mot, dans l'état actuel de nos connaissances, c'est du gaspillage sous-tendu par des motivations politiciennes.

2 - Je ne crois pas tellement plus au charbon propre (c'est déplacer le problème). Ni à la filière biogaz. Ni à aucune alternative énergétique actuelle qui toutes sans exception (éoliennes, hydrolélectrique, biocarburants, bois de chauffage, etc ...) se heurtent à d'insolubles problèmes de de concurrence d'usage des sols, et/ou de stockage, et/ou de rentabilité.

3 - je te rejoins d'avantage sur les programmes de fission actuels (à condition qu'on se les aproprie et qu'on oblige la filière atome à une transparence totale ... c'est très mal parti)

4 - le solaire thermique oui, entièrement d'accord, à condition de se lancer dans un investissement d'état massif couplé à de gigantesques travaux d'isolation (en gros on reussit à économiser 25% de nos besoins) ... mais ça restera de toutes façons insuffisant. Au vu du désinvestissement de l'état en la matière et des mentalités de type UMP-Sarko, là aussi, c'est très très mal parti.

5 - la seule et unique solution est (sauf découverte miraculeuse sur la fusion) une fiscalité PROGRESSIVE et MASSIVE (c'est pas du +10% / -10% bonhomme, c'est du + 300 ou 400% sur 10 ou 20 ans !!! ... voir d'avantage !!). Politique nous amenant quoi qu'il en coûte à repenser tout notre modèle de civilisation sur la base d'une division par un facteur 2 ou même 3 de nos besoins énergétiques et de leur redistribution drastique. Eh oui ... vive le retour de la marine à voile.

Je te l'accorde, c'est également très mal parti. Mais je voterai systématiquement à l'avenir pour tout homme politique ou parti qui ira dans ce sens. (Bayrou était à deux doigts de s'y engager en 2007 avant de finalement renoncer).

Toute autre alternative, tu le dis toi-même, se résume à une fuite en avant qui fait fi soit des problématiques dramatiques liées au réchauffement planétaire, soit bien pire, de l'accès à l'énergie des grandes sociétés en voie de développement (Chine, Inde, etc ...)

Le Moine-Hérisson Fou'rbe a dit…

Ben les filles, comme disait le penseur Fou dans Marvel : et l'élément humain ?
Quid de la responsabilité individuelle et de la prise de conscience ?
Considérez-vous encore les gens qui se mobilisent pour leur environnement ou s'intéressent à la décroissance comme des doux dingues new age dans la lignée des hippies ?!!
Pourquoi tout attendre de gouvernants décidément très frileux ?

Ludivine van de Spock a dit…

Hm tu es un peu rapide, cher Songe :-)

Je rappelle que ITER sera en service...en 2016 ! Et que ITER lui-même se définit comme un réacteur expérimental qui n'est pas un prototype (pour mémoire, si ITER est un succès, la phase suivante, vers 2040-2050 est la construction de DEMO qui serait le premier prototype industriel de réacteur à fusion).

Pierre-Gilles de Gennes ne fait que soulever des objections connues, il n'apporte rien de nouveau :

1. Le manque de personnel ultra-qualifié : ce n'est pas une objection scientifique en soi. Si la fusion devient une filière industrielle, les filières de formation suivront.

2. Les questions soulevées par le confinement d'un plasma à plus de 100 millions de degrés (je regroupe ses deux derniers paragraphes qui tournent autour de la question du plasma) sont en effet les questions centrales en matière de sécurité... et c'est pour cela qu'on fait ITER ! Pour trouver une solution technologiquement viable (pour les profanes, un plasma est un gaz tellement chaud, donc plus de 100 millions de degrés, qui soulève un problèlme de stabilité et surtout de confinement --> aucun matériau au monde ne résiste à cette température -vous êtes comme au coeur d'une étoile-, il faut donc des champs magnétiques pour empêcher le plasma de toucher les bords de la cuve, pour faire simple. Ces champs magnétiques sont produits par des bobines supraconductrices et en effet c'est pas encore totalement au point, notamment en termes de durée).

Tu ne peux pas reprocher à la technologie de ne pas être encore viable sur le long terme alors que précisément on investit dans cette technologie pour la rendre utilisable par l'homme. C'est comme si en 1940 Werner von Braun expliquait que le fission nucléaire ne pourrait pas être utilisable pour un usage domestique parce qu'il est technologiquement impossible de contrôler la réaction de fission. 25 ans plus tard les premières centrales atomiques apparaissaient...

3° Anecdotique, mais est-il neutre ton Prix Nobel ? A gauche de son texte une énorme pub en animation flash "Sortons du Nucléaire". Mouais.

4° Rappelons tout de même que la résultante de la fusion des deux isotopes de l'hydrogène (deutérium + tritium) génère un atome de hélium (comme dans les étoiles, Ludivine ADORE !) et un neutron, et que rien de tout cela n'est radioactif. Seule la chambre où se réalise la fusion est radioactive, c'est un sacré progrès par rapport à la fission !

5° Le vrai obstacle industriel à la fusion, que ton prix Nobel ne cite même pas, est le rendement énergétique. Actuellement, la fusion en chambre consomme plus d'énergie qu'elle n'en produit. On a réussi, pré-ITER, à atteindre un rendement presque égal à 1 (donc toujours pas rentable). ITER se fixe comme objectif un rendement de 10. Toute la question est là. Si on n'atteint pas un rendement satisfaisant, ça sert à rien de jouer au Grand Architecte et de singer les étoiles, en dépit des soupirs fascinés de Mlle van de Spock.

Bref, les objections de Songe et de son prix Nobel sont des objections que l'on oppose à un réacteur qui ne fonctionne pas encore. Attendons un peu...

Même si vers 2020/2025 après quelques années de fonctionnement, ITER est une déception, je suis persuadé que ce ne sera qu'un délai. Peut-être ai-je été trop rapide, je l'accorde à Songe, en disant que dans 50 ou 100 ans, hop, la fusion sera là. Mais elle le sera un jour, c'est logique.

Il n'y aucune forme d'énergie plus abondante et aussi peu chère -au niveau de la ressource- que la fusion. Le deutérium, on le trouve dans....l'eau ! La fusion EST l'énergie du futur, la question c'est quand.

Je crois à un modèle d'économies d'énergie, surtout tant qu'on dépend des énergies fossiles, mais je ne crois pas à la viabilité d'un modèle de long terme qui réduise par deux ou trois la consommation globale d'énergie, Songe. Ca n'est pas compatible avec le développement des sociétés humaines --> aucun modèle malthusien ne s'est avéré marcher à long terme dans l'histoire de l'Humanité.

Bref, pour résumer, la fusion, c'est une question de temps, peut-être plus longue en effet que je ne le disais dans le premier commentaire. La question est donc de savoir comment on "fait le pont" jusqu'à ce que la fusion soit généralisée devant l'épuisement des hydrocarbures et le renchérissement du pétrole. Les économies d'énergie, les énergies renouvelables, le charbon propre etc. sont autant de voies qu'il faut explorer simultanément parce qu'aucune des voies prises isolément n'est suffisante.

Comme je m'ennuie aujourd'hui et que je suis en attente d'une nouvelle mission et que ça me fait chier d'aller à l'inspection juste pour lire mes mails, je vais faire un mini épidosde de LvdS "La fusion nucléaire pour les nuls"; mais ce sera pas politique, ne soyez pas déçus, il n'y aura pas de commentaires sur les municipales, ce sera juste un clip de vulgarisation scientifique.