Website Ribbon LDP: Pour une véritable égalité d'accès aux soins, par Bruno Spire

vendredi 1 février 2008

Pour une véritable égalité d'accès aux soins, par Bruno Spire

Pour faire suite à notre discussion, semaine dernière! (Le Monde daté du 01 février 2008)

Bruno Spire, président de l'association de lutte contre le sida Aides


Il aura fallu attendre que des personnes mettent en danger leur santé et leur vie pour que l'opinion publique prenne conscience de l'impact terrible des franchises médicales sur le quotidien des malades. Plusieurs personnes touchées par des maladies chroniques, notamment le VIH/sida, sont aujourd'hui en grève de soins. Ces actes extrêmes nous choquent mais ne nous étonnent pas car, depuis avril 2007, nous avons dénoncé cet impôt sur la maladie, qui culpabilise sous couvert de responsabiliser.
Une manifestation de 20 000 personnes, le 13 octobre 2007, des pétitions avec près de 300 000 signataires, rien n'y a fait, les franchises médicales sont inscrites dans la loi de financement de la Sécurité sociale et appliquées depuis le 1er janvier. Alors que 70 % des Français étaient contre les franchises, on doit se désoler que le militantisme classique, le contre-pouvoir associatif et citoyen nourri du témoignage des malades n'aient pas suffi à stopper le processus en cours. Nous craignions que les franchises, s'ajoutant aux forfaits déjà existants (forfait hospitalier et ticket modérateur, forfait à 1 euro par consultation, forfait de 18 euros sur les actes hospitaliers lourds), accentuent les retards dans l'accès aux soins qui, au final, pèseront plus lourd encore sur les comptes de l'assurance-maladie, sans parler des conséquences dramatiques en termes de santé publique ! A l'heure où la gratuité des soins contre le VIH dans les pays en développement est reconnue par le Conseil national du sida et les experts internationaux comme indispensable à un accès effectif pour tous aux traitements, la France remet en question le principe de l'égalité d'accès aux soins, voire du droit à la santé, en éloignant les plus démunis des soins.
Actuellement, Aides reçoit de nombreux témoignages de séropositifs qui, non par choix militant mais par impossibilité financière, nous disent qu'ils ne pourront plus accéder à certains soins. Les personnes atteintes d'une maladie chronique devront se soigner durant toute leur existence. Les personnes séropositives doivent déjà payer au moins 500 euros par an pour pouvoir se soigner (déremboursements de médicaments essentiels pour leur qualité de vie ou leur santé, dépassements d'honoraires et actes non reconnus à la nomenclature de l'assurance-maladie, auxquels il faut ajouter les forfaits précités). Or, près de la moitié des séropositifs en France vivent avec moins de 760 euros par mois et un quart vivent avec 628 euros par mois (principalement l'allocation aux adultes handicapés). Ce revenu de subsistance ne donne pas droit à la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), prévue pour prendre en charge toutes les dépenses de santé des plus pauvres comme le forfait hospitalier ou les franchises.
Aides a été reçue le 21 janvier par Roselyne Bachelot pour un entretien où il a été question des franchises médicales. La ministre de la santé a affirmé que le dispositif n'était pas figé et que des aménagements étaient possibles. Parce que les malades ne sont pas coupables de l'être, parce que les principes fondamentaux de l'assurance-maladie (égalité d'accès aux soins, qualité des soins et solidarité) nous sont plus que chers, nous demandons un accès à la CMU-C permettant l'exonération des franchises pour les personnes touchant des minima sociaux du fait de leur maladie ou de leur handicap. Nous demandons simplement à la ministre de tenir ses engagements en permettant un accès réel et gratuit aux soins pour les plus démunis.

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