Tout commence aux Etats-Unis en 1884, où lors du IV ème congrès de l’American Federation of Labor, les syndicats américains se donnent deux ans pour imposer aux patrons la journée de 8 heures. Si la majorité des entreprises adoptent sans trop de difficultés cette avancée sociale, plus de 300.000 travailleurs doivent se mettre en grève le 1er mai 1886 (date du début de l'année comptable pour bon nombre d'entreprises américaines) afin d'obtenir gain de cause. Le 3 mai, trois grévistes sont tués dans une manifestation à Chicago. Le lendemain, une bombe explose lors de la dispersion du cortège de protestation à Haymarket Square tuant 15 policiers. Trois syndicalistes sont jugés et condamnés à la prison à perpétuité. Cinq autres sont pendus le 11 novembre 1886 malgré des preuves incertaines.
Trois ans après le drame de Chicago, la II ème internationale socialiste, réunie à Paris à l'occasion de l'exposition universelle devant célébré le centenaire de la Révolution Française, fait sienne le combat pour la journée de 8 heures et la semaine de 48 heures (le Samedi étant travaillé). En France, le décret de 1848 limitant la journée de travail à 10 heures n’avait pas résisté plus de quelques mois aux pressions du patronat. La journée de travail durait encore entre 10 et 16 heures !!
Se calant sur la date de mobilisation choisie par l’American Federation of Labor, les Européens choisissent également le 1er mai comme date où « dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois » de grandes manifestations seront organisées afin de contraindre les pouvoirs publics à réduire légalement à 8 heures la journée de travail.
Le 1er mai 1891, à Fourmies, une petite ville du nord de la France, la troupe appelée en renfort de la gendarmerie, reçoit l'ordre du commandant Chapus de tirer sur la foule pacifique de très jeunes ouvriers. Les soldats, dont la plupart ont pourtant refusé l'ordre et tiré en l'air, utilisent à bout portant le tout nouveau fusil de guerre Lebel & Chassepot d'une portée de 2500m. La place fait 58 mètres dans sa plus grande longueur. C'est un carnage. La fusillade estropie et blesse 35 personnes et tue six jeunes manifestants, tous âgés de 16 à 20 ans. Quatre spectateurs dont deux enfants de 11 et 14 ans trouvent également la mort. Le tout en quelques secondes et avec 69 balles tirées. Une des victimes, l'ouvrière Marie Blondeau, 18 ans, morte habillée de blanc et les bras chargés de fleurs, devient le symbole de cette journée. Quelques jours plus tard, ce sont plus de 30.000 personnes qui suivront le cortège funèbre des cercueils.
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Le 1er mai s’enracine dès lors fortement dans la conscience collective des ouvriers. Dès 1890 on défile avec un triangle rouge à la boutonnière, symbole des « trois 8 ». Le triangle cède vite la place à la fleur d’églantine, puis dès 1907 au brin de muguet lié d’un ruban rouge.
Il faudra attendre 1919 pour que le Sénat Français adopte le principe de la journée de huit heures et que le Traité de Versailles rappelle dans son article 247 que cette dernière et la semaine de 48 heures sont des buts à atteindre pour tous les peuples de la terre.
En 1920, la Russie soviétique, fait du 1er mai une journée chômée. En 1933, l'Allemagne nazie de Hitler – soucieux de se rallier le vote ouvrier – ira encore plus loin en faisant du 1er mai une journée chômée ... et payée.
En 1941, singeant l’occupant, et sous l'impulsion d'un responsable de la CGT devenu ministre de Pétain, le gouvernement de Vichy fait du 1er mai la Fête du Travail et de la Concorde sociale dans l’espoir de racoler chez les ouvriers. À cette occasion, la radio officielle ne manque pas de souligner que le 1er mai coïncide avec la fête du saint patron du Maréchal, Saint Philippe (de nos jours fêté le 3 mai, ouf ...) !
1 commentaire:
Ahhh le Blogführer est de retour ! Tu rejoins les Battlegrounds Real Life, ô notre Songe préféré ? Biseke !
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